6 juin 1915 : « Si jamais j’étais fait prisonnier … »

Chère Epouse

Je réponds à ta lettre du 1 juin qui m’a fait comme toujours bon plaisir. J’aurai attendu encore quelques temps sans argent et ne m’en envoie plus sans que je te le dises. Là où nous allons cantonner on a interdit la vente du vin. Emile B. est malin pour se faire comprendre. Si jamais j’étais fait prisonnier. Il y a d’autres moyens pour se comprendre. Le voici je te mettrai un point dans les lettres en commencant par la fin de la lettre comme … tu associe les lettres pointillées ensemble l’une à la suite de l’autre et tu formes le mot.

Nous sommes en réserve dans une grange et nous sommes très heureux. La nourriture va très bien. Ne m’envoie plus de chocolat on nous en donne deux grosses barres tous les matins ou un quart de boite de fromage camembert. Le plus mauvais c’est la soupe par contre il y a du bon ragout et de la bonne viande en quantité.

Tu verras sur les journaux que ce matin un aéroplane Français a abattu un aéroplane Boche qui est allé tomber à deux kilomètres ou nous cantonnons.
ce n’est pas malheureux car hier soir et ce matin il cherchaient à voir si là ou nous sommes il y avait de troupes. Ce qui ne serait pas agréable car de suite on nous enverrait de gros pruneaux. Nous sommes tranquilles et nous ne voulons pas autre chose. Tu me dis que les enfants ne veulent pas se céder ah qu’il me serait doux de les voir amuser ensemble il me semble que ce n’est pas possible. Germainou était si petit quand je suis parti.

Ma santé est toujours très bonne.

Le bonjour à tous les parents et amis sans oublier Alexandre et Marc

Reçois Chère Epouse ainsi que vous Chère Maman et les enfants mes meilleurs baisers.

Ton époux.

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Passionnée des vieux papiers et de généalogie, d'histoire et d'archéologie,de spéléologie,et curieuse de pleins d'autres choses ...
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