Neufchâteau 29 Décembre 1914

Chère Epouse

Je pars demain pour Chaumon et quelques jours après je vais revoir mes camarades. Ma santé est complétement rétabli je ne tousse plus et ne te fais aucun soussi à mon sujet. Dans l’attaque qui a eu lieu le lieutenant de ma compagnie a été tué, je ne sais pas d’autre résultat j’ai eu des lettres de toi hier d’après ce qu’on m’a dit à l’hôpital mais elles sont allées à la caserne et je ne les aurai que demain car je suis en ville. Pour l’intérêt de l’indo-chine je ne peux pas te donner ma résidence on n’en a pas aujourd’hui au cantonnement demain dans les forêts ensuite dans les tranchées face aux allemands. Mais une fois que je pourrais te donner une adresse fixe tu m’enverras un modèle de procuration. Si la signature du Colonel suffisait au lieu de la résidence je l’aurais.

Chère Epouse en lisant ta première lettre faut te dire que j’ai pleuré en voyant ton dévouement pour moi. Tu me parles de donner ton sautoir à Notre Dame de la Capellette pour mon retour. Mais que tu ne veux pas le faire sans mon consentement.  Ce geste est trop noble et me fait beaucoup de plaisir car cela me prouve tout ton attachement pour moi et toute ton affection. Je n’ai rien à te dire je te l’ai offert le jour de notre mariage il ne m’appartient plus à toi d’en disposer à ta fantaisie.

Mais je ne peux pas te cacher que je serais très content de retourner et quoique ce soit en soit digne d’… de mourir sur un champ de bataille pour sa patrie. C’est triste de mourir loin des siens et quoique on retourne vivant au pays cela n’empêche pas d’avoir fait son devoir.

Tu me dis que je dois avoir souffert dans les tranchées. Détrompe toi c’est une affaire d’habitude à ce sujet tant que j’étais à l’hôpital il est arrivé un malade qui était au front depuis le commencement depuis il ne s’était pas déshabillé qu’est-ce qu’il fait pour aller au lit il enlève juste sa capote et ses souliers sur son pantalon il y avait un doigt de terre figure-toi si la sœur lorsqu’elle la eu dans les draps si blancs à été contente. Le type a à répondu qu’il n’avait pas fait attention si on se déshabillait. Tu me dis que je dois être méconnaissable que je dois avoir maigri. Je l’ai bien fait un peu mais pas tant que ça. Ce qu’il y à qu Auguste me disait que je deviendrais comme lui mais si la guerre dure je pourrais acheter une ceinture pour tenir mes culottes. Je me suis fait raser aujourd’hui et sais-tu que maintenant je suis réellement beau si tu ne veux pas le croire vien le voir mais j’en avais besoin

Tu me disais qu’Odilon avait des amis qui le tenaient à Rodez ça m’étonne qu’ils l’aient laissé partir en Belgique. Pour Joseph je lui ai écrit deux fois et n’ai rien reçu de lui. Quand à Abel il m’a écrit une carte mais ne m’as pas donné son adresse. Je te remercie des l’adresses que tu m’as donné de R. Charles le vétérinaire de mon régiment est un ami à lui ils ont fait leurs classes à Toulouse ensemble et c’est autant pour lui que pour moi qu’il  me fallait son adresse.

Ne t’attende pas à avoir de lettres de moi de quelques jours car je ne sais pas si je serais libre de pouvoir t’écrire mais je t’écrirai toujours avant d’aller au feu.

Je te quitte Chère Epouse en t’embrassant de tout cœur ainsi que maman et les enfants et suis très content que germainou profite beaucoup. Adieu encore une fois j’ai rendez-vous à l’église car avant de retourner au feu je veux faire la lessive.

Envoie toujours les lettres à l’hopital jusqu’à nouvel ordre.

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Passionnée des vieux papiers et de généalogie, d'histoire et d'archéologie,de spéléologie,et curieuse de pleins d'autres choses ...
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